3. L’émancipation et la ségrégation : LE BLUES
/B_nb_commentaires> Publication : (actualisé le )
Une sorte de ligne-frontière sépare les États-Unis en deux depuis la fin de la guerre d’indépendance en 1783 jusqu’à l’expansion territoriale du pays durant la première moitié du XIXe siècle.
Au Nord, les États de l’Union, plus libéraux, ont progressivement aboli l’esclavage.
Mais les États du Sud, bien que dominés politiquement par le Nord, sont beaucoup plus intransigeants, car leur économie repose sur l’esclavage de 90 % des Noirs du pays.
Même s’ils en affranchissent quelques-uns de temps en temps, les riches propriétaires ne veulent pas entendre parler de la libération de personnes qu’ils considèrent à peine comme des humains.
Les révoltes des Noirs sont sévèrement punies de même que leurs tentatives de fuite vers le Nord, la "Terre promise" qui, chantée dans les negro spirituals, prend un deuxième sens caché, celui de la liberté.
Cette situation amène les Sudistes à faire "sécession" et, en 1861, la guerre civile est déclenchée.
En 1865, la Confédération sudiste est vaincue et l’esclavage aboli sur tout le territoire américain.
Commence alors une période où les Noirs vont tenter de s’intégrer au système blanc dominant, en adoptant ses valeurs et sa musique et en tentant d’oublier leurs propres racines.
Ainsi les negro spirituals sont arrangés et chantés en concert à la manière lisse occidentale par des chorales et des quartettes (1) vocaux masculins dans un style qu’on appelle jubilee (2) et plus tard par des chanteurs noirs classiques comme la grande Marian Anderson (3).

Pendant ce temps, légalement libre, mais dépourvu de tout, le Noir du Sud se trouve réduit à travailler pour ses anciens maîtres dans des conditions presque aussi mauvaises qu’avant, tandis que s’installe, perfidement, mais méthodiquement, une ségrégation raciale (4) qui dure encore de nos jours !
Pourtant les communautés de paysans noirs et blancs, parfois aussi pauvres les unes que les autres, se voient souvent obligées de cohabiter (5). Et là encore, c’est la musique qui va permettre les échanges ; les Noirs reprennent à leur compte les ballades folkloriques d’origine irlandaise, les songs (6) en y ajoutant des particularités vocales, rythmiques et harmoniques héritées de l’Afrique, les blue note (7) qui, peu à peu, avant la fin du siècle, donneront naissance au blues (8) au cœur du Mississippi et dans les États voisins, de ce qu’on appelle le Sud profond.
Des chansons communes mettront même en scène des héros que revendiquent aussi bien les Noirs que les Blancs.

Devenus libres de circuler, de nombreux musiciens noirs adoptent la guitare (introduite dans le pays peu de temps auparavant) et commencent une vie itinérante de songster (9), de bluesman (10) ou d’évangéliste (11).
Documents joints
l-emancipation-et-la-segregation-le-blues_a3787-2.pdf - PDF - 300.5 ko
Ajouter un commentaire
Suivre les commentaires :
|
